Le coelacanthe
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Une 3e espèce de coelacanthe probablement découverte en Papouasie !
Actualité rédigée à partir d’un article d’Olivier Blot, publié sur le site du Le Mag de l’IRD. Retrouver l’article intégral en cliquant ici.
La photo d’un cœlacanthe pêché par hasard par un pêcheur sportif, en 2018 à 750 km à l’est de Sulawesi au large de la Papouasie occidentale, a alerté les scientifiques, dont Régis Hocdé de l’équipe franco-indonésienne de l’Institut de Recherche pour le Développement (IRD), qui a participé aux travaux de recherche sur ce spécimen, et qui collabore régulièrement avec les Explorations de Monaco.
« Nous pressentions de longue date que la découverte d’un spécimen à l’est de l’Indonésie, en Papouasie occidentale notamment, signerait l’existence d’une nouvelle espèce, distincte de celle déjà connue sur les côtes de Sulawesi. C’est bien le cas, mais en plus l’étude génétique de ce spécimen nous éclaire sur l’évolution de ce groupe de poissons venus du fond des âges, survivants d’une lignée de vertébrés aquatiques elle-même à l’origine de tous les vertébrés terrestres ».
Régis HOCDE
Océanographe à l'IRD
Un événement scientifique !
Seules deux espèces contemporaines de cœlacanthes – un groupe que l’on a longtemps cru éteint – ont été découvertes et caractérisées jusqu’ici, la 1ère le long des côtes africaines en 1938, la 2e à Manado, à Sulawesi à l’est de l’Indonésie en 1999.
Découvrir une 3e espèce serait un vrai événement scientifique. Découverte qui tiendrait un peu du miracle, l’auteur de la prise ayant déjà mangé une partie de ce poisson qu’il ne connaissait pas avant que les scientifiques ne soient alertés par les images circulant sur le net ! Heureusement, il restait suffisamment de matériel biologique pour mener l’analyse moléculaire et lancer l’étude génétique de ce cœlocanthe. L’étude d’un ou plusieurs spécimens entiers sera nécessaire pour compléter la caractérisation génétique par une description morphologique, rendue impossible cette fois car le poisson a été consommé, un préalable indispensable à l’officialisation de cette « peut-être » 3e espèce et à sa dénomination.
PAROLE D'EXPERT
Michèle Bruni, Chargée des Expositions et Responsable des collections scientifiques de l’Institut océanographique
Il n’existe pas de coelacanthe vivant en Aquarium, mais un coelacanthe est bien visible au Musée océanographique dans le Cabinet de curiosité de l’artiste Marc Dion, au 1er étage. Il s’agit d’un moulage grandeur nature, réalisé à partir d’un spécimen de 80 kg pêché en 1955 à Anjouan, aux Comores, acquis en 1976 auprès du Muséum d’histoire naturelle. Également exposé au 1er étage un rare fossile d’une espèce qui vivait au crétacé il y a 110 millions d’années. Les coelacanthes étaient beaucoup plus nombreux et diversifiés dans les temps anciens. Abondants à l’ère primaire, ils survécurent à l’extinction de la fin du permien, il y a environ 245 millions d’années. En 2010, en examinant la pièce, les spécialistes du Muséum d’histoire naturelle ont trouvé que la bosse visible ventralement, qui pouvait passer pour un « œuf », était en fait un poumon ossifié ! Les coelacanthes étaient les seuls animaux à posséder cet organe permettant une respiration aérienne en complément de la respiration faite grâce aux branchies car l’eau douce où ils vivaient, était pauvre en oxygène. Les coelacanthes actuels restent en eaux marines profondes, ne respirent donc plus l’air aérien et utilisent leurs branchies.