MER MÉditerranée : MONACO S'ENGAGE

LE PRINCE ALBERT Ier
Entre 1885 et 1915, le prince Albert Ier (1848-1922) conduisit personnellement 28 campagnes scientifiques du Cap Vert aux régions arctiques emmenant à bord de ses bateaux de nombreux savants français et étrangers.
Comprendre et faire comprendre le rôle essentiel joué par l’Océan était au cœur de ses préoccupations. Il n’hésitait pas à mettre en cause les « évidences » de son époque pour rechercher la vérité. Il a ainsi prouvé l’existence de la vie dans les grandes profondeurs de l’Océan. Le prince Albert Ier voulait faire progresser l’océanographie, « la science nouvelle qui pénètre le secret des abîmes » (La carrière d’un navigateur) disait-il.
La Méditerranée fut son terrain de jeu ! Elle lui a permis d’effectuer de très nombreux tests scientifiques et de mettre au point de nouveaux engins et de nouvelles méthodes destinées à ses campagnes. Ses opérations en Méditerranée lui ont confirmé également l’urgence de mieux connaître les particularités et les ressources de cette mer intérieure. De cette vision naitra d’ailleurs la Commission Internationale pour l’Exploration Scientifique de la Mer Méditerranée (CIESM). Ses nombreux travaux lui permettront aussi de prendre conscience de la fragilité de la nature. À l’époque, il plaidait déjà pour que l’on instaure des parcs nationaux comme aux Etats-Unis. Nul doute qu’il porterait aujourd’hui les demandes de création d’Aires Marines Protégées.

LE PRINCE RAINIER III
Plongeur sous-marin et amoureux de la mer, le prince Rainier III (1923-2005) a toujours fait de la protection de la mer en général, et de la Méditerranée en particulier, un combat prioritaire. Et comme son aïeul, il entendait bien faire jouer à la Principauté un rôle international. En réponse à l’immersion des déchets nucléaires en Méditerranée, il accueille dès 1959, à Monaco, la première Conférence scientifique sur l’élimination des déchets radioactifs. Deux ans plus tard, c’est en Principauté que l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) installera son Laboratoire international de radioactivité, promouvant des techniques pour la protection de l’environnement marin. Afin de donner à la Principauté de Monaco les moyens de mener des recherches scientifiques, le prince Rainier III créera également le Centre Scientifique de Monaco en 1960. Le prince Rainier III ne s’arrêtera pas en si bon chemin puisqu’en 1976, il signera l’accord RAMOGE avec la France et l’Italie pour lutter contre les pollutions.
Toutefois, en s’exprimant à la tribune de la Conférence de Rio sur l’environnement en 1992, il considérait qu’il restait
encore beaucoup à faire : « la Méditerranée est un dépotoir » lançait-il, « la vie dépend du cycle de l’eau. Aujourd’hui la vie est en danger ». En 1996, la Principauté signait l’Accord sur la conservation des cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente (ACCOBAMS) et en 1999, l’accord Pelagos, créant un sanctuaire pour les mammifères marins.
Crédits Photos : Institut Océanographique de Monaco / Fausto Picedi / Greg Lecoeur
TROIS ANNÉES À RETENIR
Le prince Rainier III se mobilise contre l’immersion des déchets nucléaires en Méditerranée, suivie par la création du Laboratoire de l’environnement marin de l’AIEA (Agence Internationale de l’Énergie Atomique).
Signature de l’accord RAMOGE entre Monaco, la France et l’Italie, qui s’étend de Saint Raphaël à Gênes en passant par Monaco. Il est aujourd’hui élargi de Marseille à la Spezia.
Signature d’ACCOBAMS (Accord sur la Conservation des Cétacés de la mer Noire, de la Méditerranée et de la zone Atlantique adjacente).
DE L’ACTION LOCALE
À LA COOPERATION INTERNATIONALE
Depuis plus de 100 ans, Monaco trace une voie vers un océan durable, mobilisant une diversité d’acteurs engagés sur son territoire. Elle soutient activement la recherche via le Centre Scientifique de Monaco, promeut des projets de terrain et des actions de plaidoyer à travers la Fondation Prince Albert II de Monaco et favorise le dialogue entre les défenseurs de l’Océan grâce à l’Institut océanographique.
Ce dynamisme s’incarne également à travers les missions des Explorations de Monaco qui répondent à des objectifs scientifiques, diplomatiques et de médiation, contribuant ainsi à une approche globale et ambitieuse pour préserver l’Océan.
UNE ACTION MONEGASQUE PLURIELLE ET UNIVOQUE...
La Société des Explorations de Monaco
Les Explorations de Monaco sont une plateforme au service de l’engagement de S.A.S. le Prince Albert II de Monaco en matière de connaissance, de gestion durable et de protection de l’Océan. Créée en 2017 à l’initiative du Gouvernement Princier, la Société des Explorations de Monaco associe la Fondation Prince Albert II, l’Institut océanographique, le Centre Scientifique de Monaco et le Yacht Club de Monaco. Elle coordonne des missions internationales en partenariat avec des acteurs monégasques et internationaux étrangers, renforçant ainsi l’engagement de Monaco pour la protection des océans. Les Explorations de Monaco organisent et soutiennent des missions scientifiques d’envergure. Parmi elles, l’expédition « Gombessa 6 : Cap Corse », menée par Laurent Ballesta et Andromède Océanologie, a permis de mettre en lumière l’importance de la Méditerranée française, et notamment de la Corse, comme dernier refuge connu
du requin ange de mer, une espèce en danger critique d’extinction (UICN). Grâce à des plongées à saturation, des outils cartographiques et des méthodes innovantes d’échantillonnage, les scientifiques ont pu mieux comprendre son habitat et évaluer sa population. Des données essentielles à la préservation de l’espèce. Sa prochaine mission dédiée à la Méditerranée, est prévue en Grèce à l’automne 2025.
Le Centre Scientifique de Monaco (CSM)
Le Centre Scientifique de Monaco est un institut de recherche pluridisciplinaire reconnue au niveau mondial pour ses travaux en biologie marine (étude des coraux et des récifs coralliens), en biologie polaire (étude des manchots) et en biologie médicale. L’un de ses projets phares concerne le corail rouge de Méditerranée. Cette espèce emblématique qui participe à la formation d’un écosystème unique, le coralligène, est soumise à une forte exploitation et à l’action néfaste du dérèglement climatique (réchauffement et acidification de l’Océan). Afin de sauvegarder ce corail en Méditerranée, le Centre Scientifique de Monaco et l’Observatoire Océanologique de Banyuls-sur-Mer (Pyrénées-Orientales) ont uni leurs forces pour développer un programme scientifique de Biologie de la Conservation. Ce programme est réalisé dans le cadre d’une collaboration entre l’Unité de Recherche sur la Biologie des Coraux Précieux CSM-CHANEL financé par la Maison CHANEL et le Laboratoire d’Écogéochimie des Environnements Benthiques (LECOB) de l’Observatoire de Banyuls-sur-Mer. Ce projet est soutenu par la Fondation Prince Albert II. Pour héberger les colonies de corail rouge et étudier leur reproduction, six grottes à corail en béton de 1m3 chacune ont été spécialement conçues et immergées à 40 m de profondeur en juillet 2021, dans les eaux monégasques. Les résultats sont prometteurs puisque cette expérience a permis la naissance de 250 jeunes coraux !
La Fondation Prince Albert II de Monaco
Créée par S.A.S. le Prince Albert II de Monaco en 2006, la Fondation est une organisation mondiale à but non lucratif qui s’engage à faire progresser la santé planétaire pour les générations actuelles et futures en cocréant des initiatives et en soutenant des centaines de projets. Parmi eux, la conservation du phoque moine. En 2019, la Fondation a été le fer de lance de la création de l’Alliance pour le phoque moine (Monk Sea Alliance, MSA) avec quatre autres organisations donatrices. Les mesures de conservation telles que la création de zones marines protégées, la collaboration avec les pêcheurs et la sensibilisation, ont porté leurs fruits : la population actuelle est estimée à environ 900 individus. Autre projet, la sauvegarde du thon rouge du Nord ou thon rouge de Méditerranée plus au Sud. L’industrialisation de la pêche a entraîné un effondrement de ses populations. Dès sa création, la Fondation Prince Albert II de Monaco a oeuvré pour sa sauvegarde et a fait de Monaco le premier Etat à demander une protection internationale de cette espèce. Grâce à l‘action politique de la Principauté et au retentissement mondial qu’elle a eu, les quotas proposés par les scientifiques ont été respectés et les stocks ont commencé à se consolider.
Créée par S.A.S. le Prince Albert II de Monaco en 2006, la Fondation est une organisation mondiale à but non lucratif qui s’engage à faire progresser la santé planétaire pour les générations actuelles et futures en cocréant des initiatives et en soutenant des centaines de projets. Parmi eux, la conservation du phoque moine. En 2019, la Fondation a été le fer de lance de la création de l’Alliance pour le phoque moine (Monk Sea Alliance, MSA) avec quatre autres organisations donatrices. Les mesures de conservation telles que la création de zones marines protégées, la collaboration avec les pêcheurs et la sensibilisation, ont porté leurs fruits : la population actuelle est estimée à environ 900 individus. Autre projet, la sauvegarde du thon rouge du Nord ou thon rouge de Méditerranée plus au Sud. L’industrialisation de la pêche a entraîné un effondrement de ses populations. Dès sa création, la Fondation Prince Albert II de Monaco a oeuvré pour sa sauvegarde et a fait de Monaco le premier Etat à demander une protection internationale de cette espèce. Grâce à l‘action politique de la Principauté et au retentissement mondial qu’elle a eu, les quotas proposés par les scientifiques ont été respectés et les stocks ont commencé à se consolider.
...QUI SOUTIENT ET PARTICIPE ACTIVEMENT À LA COOPÉRATION RÉGIONALE
Monaco joue un rôle actif aux côtés de grandes organisations internationales pour la protection de la Méditerranée. La Principauté soutient des initiatives majeures telles que le Plan d’Action pour la Méditerranée (PAM), qui oeuvre pour une mer saine et résiliente face au changement climatique. Elle participe également à des projets comme le Plan Bleu, qui sensibilise aux enjeux environnementaux, et soutient le réseau MedPAN pour la gestion des Aires Marines Protégées. En collaboration avec la France, la Tunisie et la Fondation Prince Albert II de Monaco, Monaco a contribué à la création du MedFUND, pour renforcer l’efficacité de la gestion des AMP et préserver la biodiversité marine.
Le Plan d’action pour la Méditerranée (PAM)
Le Plan d’action pour la Méditerranée (PAM) a été créé en 1975 en tant qu’accord multilatéral sur l’environnement dans le cadre du Programme des mers régionales du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE). Les pays méditerranéens et la Communauté européenne ont approuvé le PAM comme cadre
institutionnel de coopération pour relever les défis communs de la dégradation de l’environnement marin. Le travail du PAM est guidé par un objectif : « une mer et un littoral méditerranéens sains, propres, durables et résilients face au changement climatique, avec des écosystèmes marins et côtiers productifs et biologiquement diversifiés (…) » À ce jour, les Parties contractantes ont adopté 10 plans régionaux portant sur les polluants organiques persistants (POP), les eaux usées, le secteur alimentaire et les déchets marins. L’élaboration et la mise à jour de trois autres plans régionaux sont en cours. Ils portent sur : la réduction et la prévention de la pollution, l’élimination de la pollution marine d’origine terrestre, et la réalisation du « bon état écologique » (BEE). Le « bon état écologique » correspond à un bon fonctionnement des écosystèmes (au niveau biologique, physique chimique et sanitaire) permettant un usage durable du milieu marin.
Le Plan Bleu
Dans le cadre du Programme des Nations Unies pour
l’Environnement, le Plan Bleu agit depuis plus de 40 ans
en produisant des études et des scénarios pour l’avenir de
la Méditerranée, afin de sensibiliser les parties prenantes
et les décideurs aux questions d’environnement et de
développement durable de cette région.
Pour la Méditerranée, il propose, en lien avec le MedECC
(Mediterranean Experts on Climate and Environmental
Change), des solutions d’adaptation. Leur objectif est de
protéger les écosystèmes terrestres et marins, ainsi que la
santé des populations humaines du bassin méditerranéen,
en améliorant la sécurité alimentaire, la gestion de l’eau
et les pratiques agricoles. Le Plan Bleu plaide notamment
pour la création et la gestion efficace des Aires Marines
Protégées (AMP) en Méditerranée.
Le Specially Protected Areas Regional Activity Centre (SPA/RAC)
Le SPA/RAC est une organisation environnementale créée à Tunis en 1985, en lien avec la Convention de Barcelone. Elle est l’une des huit composantes du Plan d’action pour la Méditerranée du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE/PAM). En tant que centre de la biodiversité marine, il collabore étroitement avec des organisations gouvernementales et non-gouvernementales pour la conservation et la gestion
durable des espèces menacées, des écosystèmes et des aires ayant une valeur naturelle et culturelle particulière en Méditerranée.
Le MedPAN
L’association MedPAN a été créée en 2008 à la demande des gestionnaires d’Aires Marines Protégées en Méditerranée. L’association a pour objet de promouvoir la création, la pérennisation et le fonctionnement d’un réseau méditerranéen d’Aires Marines Protégées. En ce sens, le MedPAN a mené des études sur le tourisme durable dans les AMP. Elles démontrent qu’en adoptant une approche intégrant la coordination des parties-prenantes, la régulation des flux touristiques, la sensibilisation des visiteurs et l’innovation technologique, il est possible de concilier les intérêts économiques du tourisme avec la nécessité de protéger les écosystèmes marins fragiles.
Le MedFund
Le MedFund est un fonds environnemental qui octroie des financements durables pour la conservation de la biodiversité marine et pour la création et la gestion des Aires Marines Protégées de Méditerranée. La Fondation Prince Albert II est à l’origine de la constitution de ce fonds regroupant la Tunisie, la France et Monaco. Véritable outil au service de l’objectif 30×30, le MedFund a pour priorité la revitalisation de la pêche artisanale.
LE SAVIEZ-VOUS ?
Une partie des recettes générée par la vente de billets d’entrée au Musée océanographique est reversée au MedFund.
Crédit Photo : Corail Rouge – Greg Lecoeur
UNE AMP EN VILLE
Si la Principauté de Monaco est très investie dans le suivi du sanctuaire Pelagos où 8 espèces de mammifères marins vivent régulièrement, elle a, dès 1976, opté pour la création d’une AMP en ville – la réserve du Larvotto – qui représente un quart de son linéaire côtier. Une AMP d’une superficie de 33,6 ha où évoluent notamment de
nombreux mérous bruns.
LA PRINCIPAUTÉ AUX PETITS SOINS DES MÉROUS DEPUIS 1993
La raréfaction du mérou brun, victime de braconnage et de surpêche, a conduit Monaco (dès 1993) et la France (en 1999) à instaurer des mesures de protection fortes, incluant un moratoire interdisant la pêche à l’hameçon et la chasse sous-marine. À Monaco, l’Ordonnance Souveraine de 1993, renforcée en 2011, protège durablement le mérou brun et le corb. Bien que ce succès soit un exemple à suivre pour la biodiversité en Méditerranée, il reste fragile : le moratoire, réévalué tous les 10 ans, a été reconduit en France en décembre 2023 et sera à nouveau en jeu en 2033.
Crédits Photos :
Mérou brun « Epinephelus Marginatus » – Michele Dagnino
Banc de Thon Rouge – Getty images
LE RENOUVEAU DU THON ROUGE: UN SUCCÈS COLLECTIF INITIÉ PAR MIONACO
Massivement pêché, le thon rouge de l’Atlantique Est et de la Méditerranée a frôlé l’effondrement en seulement une décennie. Dès 2008, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a instauré un moratoire sur sa consommation, en partenariat avec les restaurateurs et détaillants monégasques.
En 2009, Monaco a proposé son inscription dans la liste des espèces protégées par la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (CITES), pour interdire son commerce international, une initiative non adoptée mais qui a fortement contribué à sensibiliser la communauté internationale. Grâce à ces efforts, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (UICN) a reclassé en 2021 l’espèce de « En danger » à « Préoccupation mineure ».