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Premiers balisages de tortues pour l'Institut océanographique aux Philippines
En 2016, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a profité d’une visite officielle en République des Philippines, invité par le Président Benigno S. Aquino III, pour se rendre au Parc naturel des récifs de Tubbataha, atoll corallien classé au patrimoine mondial de l’Humanité, au coeur de la mer de Sulu.
A cette occasion, S.A.S. le Prince Albert II de Monaco a équipé de balises Argos deux tortues. Nicolas Pilcher, membre du Marine Turtle Specialist Group de l’UICN et directeur du Marine Research Foundation en Malaisie ainsi qu’Angélique Songco, directrice du Parc naturel du récif de Tubbataha livrent quelques analyses.
Des balises Argos pour suivre l’odyssée des tortues
Les balises sont posées sur deux tortues : une tortue verte et une tortue imbriquée juvénile ; deux des sept espèces de tortues marines connues à ce jour.
Ces deux spécimens ont fait l’objet de beaucoup d’attentions et ont été suivis par l’Institut océanographique et ses partenaires scientifiques.
Grâce au géopositionnement émis par les balises Argos, il a été possible de retracer leur parcours.
Pourquoi le signal est-il parfois interrompu ?
Suivre les tortues grâce au balisage est parfois difficile et des interruptions du signal peuvent se produire.
Plusieurs facteurs expliquent ce phénomène selon le Dr. Nicolas J. Pilcher : « Parfois, la tortue émerge mais aucun satellite n’est présent pour recevoir le signal ; cela arrive régulièrement. Le hasard fait que cela dure parfois sur une période assez longue. Une autre raison tient à la qualité du signal lui-même. Si la tortue ne reste pas assez longtemps en surface, le signal est trop court pour générer la localisation géographique.
L’antenne de la balise peut aussi être mise en cause sur le principe, notamment quand elle est recouverte de débris marins d’origine naturelle (plantes marines ou algues par exemple) ou anthropique, c’est-à-dire d’origine humaine (déchets plastiques ou autres) qui empêchent l’émission. »
Des informations précieuses sur leurs comportements
Au sein de l’aire protégée du Parc, les tortues évoluent de façon prévisible.
La tortue verte reste sur la partie supérieure du récif de l’îlot Sud, pour se nourrir de plantes marines.
La tortue imbriquée se comporte d’une autre manière et passe son temps sur la partie externe du récif de l’îlot Nord.
Pourquoi ? Pilcher explique que la jeune tortue imbriquée se déplace davantage afin de trouver sa nourriture composée de produits carnés, invertébrés et coraux mous. La tortue verte, grâce à son régime végétarien, évolue pour sa part sur un espace plus réduit.
Autre information, des plus intéressantes : la jeune tortue imbriquée semble effectuer des « excursions » en zones profondes puis des « incursions » dans le lagon, à très faible profondeur. Sans que celui puisse être étayé à ce stade, il est possible d’imaginer qu’elle évite ainsi quelques prédateurs.
Des témoignages de morsures de requins
Les touristes plongeurs, impliqués dans le programme de sciences participatives, ont observé des tortues imbriquées portant des marques de prédation.
Les requins tigres, connus pour se nourrir entre autres de tortues marines, sont très fréquemment vus dans la zone.
Les plongeurs ont également rencontré de nombreux requins baleines et des raies Manta. Ces géants des mers sont inoffensifs pour les tortues marines car ils se nourrissent de planctons, de petits poissons et de crustacés.
C’est une aubaine pour ces touristes plongeurs se retrouvant au cœur d’un site protégé, dont ils peuvent observer l’extraordinaire biodiversité.
Un record d’observations de tortues imbriquées
Angelique Songco et Retchie Pagliawa, de l’équipe de gestion du Parc naturel de Tubbataha informent que trois ans après la mise en place du programme Tubbataha Reef Watch, c’est en 2016 que les observations de tortues imbriquées ont été les plus nombreuses, notamment sur les sites de plongée de Black Rock et de Delsan Wreck, tous deux situés sur l’îlot Sud.
À partir de fin juin, cependant, la mousson du sud-ouest apporte pluie et vents violents. Elle empêche alors la visite du Parc de Tubbataha.
Durant cette période, la mer est très agitée, rendant la navigation et la plongée impossibles. Il faut attendre quelques semaines pour que les équipes du Parc et les « plongeurs touristes participatifs » puissent reprendre leurs investigations et avoir une chance d’observer de nouveau les deux tortues emblématiques.
Corail, coeur de l'océan
De cette expédition, un documentaire, Corail, cœur de l’océan, réalisé par Frédéric Lossignol et produit par Gédéon Production, ainsi qu’une exposition réalisée par David Doubilet ont vu le jour.